DIEU SE LAISSE CHERCHER

Avec Xavier Léon-Dufour

 

Fin 1990, peu avant la sortie du deuxième volume de la Lecture de l’Evangile selon Jean, l’attachée de presse des éditions du Seuil me mit en contact avec son auteur, le jésuite Xavier Léon-Dufour (1912-2007), dont je ne savais que la réputation et l’importance de ses travaux d’exégète. Il avait alors 78 ans. Sa traduction de saint Jean s’accompagne d’une interprétation minutieuse verset par verset, mise en perspective par des encadrés et des synthèses. Cette rigueur dans la clarté permet aux non-spécialistes de partager sa réflexion.
Il s’agissait manifestement, pour lui, du couronnement de ses travaux. Commencée en 1988, la Lecture de l’Evangile selon Jean s’étend sur quatre volumes, dont le dernier parut en 1996 – un an après Dieu se laisse chercher, livre né de nos rencontres.

Suivant un parcours biographique, Dieu se laisser chercher fait se répondre, comme le titre l’indique, la quête spirituelle du jésuite et son travail de bibliste, particulièrement attaché à l’étude du Nouveau Testament. S’il est chercheur, dit-il, c’est parce que Dieu l’appelle à Le chercher, et à chercher le plus rigoureusement possible la vérité de sa Parole. Aussi Xavier Léon-Dufour consacre-t-il l’essentiel de ce dialogue à la transmission de ses travaux avec un constant souci de vulgarisation et d’accompagnement spirituel. Savoir comment sont « fabriqués » les Evangiles, comment ils fonctionnent, c’est aussi s’approcher de Jésus, de son enseignement et de l’esprit qui l’anime. La rigueur de l’historien, l’exigence de la critique des textes et de la science littéraire ne font que renforcer une présence qui nous parle et nous déconcerte.

Le Papyrus 66 de la Fondation Bodmer, l’un des plus anciens manuscrits de l’Evangile de Jean (années 200)

La découverte de la montagne à Barèges (Haute Pyrénées) fut l’une des expériences fondatrices de Xavier Léon-Dufour

Parallèlement, Xavier-Léon Dufour revient sur sa participation de « consulteur » auprès de la Commission biblique pontificale lors du Concile Vatican II mais aussi sur l’évolution de l’Eglise, les tensions qui l’agitent et les mille et une manières d’aider l’institution à se renouveler. Celui qui rêvait, enfant, d’être missionnaire en Chine insiste également sur l’importance de ses voyages en Inde et au Japon dans sa vision d’un christianisme plus universel. « Bibliste je suis, mais sans cesse en quête de Dieu et de l’homme, grâce à mon regard toujours neuf. Laissez-moi préciser : en un premier sens, mon regard est neuf parce qu’il n’est pas vieux, refusant de vieillir, même si les années s’accumulent inexorablement et que la mort approche. Je le sais. Mais avant même de le sentir, j’ai eu la chance de croire que la vie est plus forte que la mort : en dépit de cette lente désagrégation des cellules, en dépit des guerres fratricides et des horreurs que la télévision nous rend présentes quotidiennement, en dépit des pulsions de mort qui m’agressent chaque jour, une force demeure et s’impose à moi, qui se renouvelle sans cesse (…) Oui, l’amour qu’est Dieu est plus fort que la mort. Cette certitude me fait accéder à la vie éternelle, car l’éternité n’est pas après le temps, elle est dedans ; elle est ce qui fonde et féconde le temps, lequel n’est autre que l’efflorescence de l’éternité.»