Les hivers et les printemps

Abrégé

Prologue

Décembre 1695. Abbaye de la Trappe, dans le Perche. Au lendemain de Noël, le prieur dom Gervaise achève un commentaire sur la lapidation de saint Etienne, qu’il doit prononcer devant les moines et des personnalités venues faire retraite à la Trappe.

ENTRÉE

Le lendemain, 27 décembre 1695, à Mortagne-au-Perche. Mère Angélique de Valençay, abbesse des Clairets (couvent de religieuses, proche de la Trappe) se présente chez le prévôt de Mortagne. Elle se plaint du prêche de dom Gervaise et de ses considérations sur le sommeil.
Peu après, survient le jeune official de Sées, juge du diocèse où se trouve la Trappe. L’official rapporte au prévôt les propos confus que lui a tenus Charles Maisne, secrétaire de l’abbé de Rancé, sur la situation de la Trappe. L’abbaye semble en crise. Malade, Rancé s’est retiré dans l’infirmerie, laissant la direction du couvent à un nouveau supérieur, dom Zozime, et au prieur dom Gervaise. Selon le secrétaire Charles Maisne, ces deux religieux corrompent la Règle et malmènent Rancé.

 

SCÈNE

Le même jour, 27 décembre 1695, à Paris, Palais du Luxembourg, dans l’appartement de l’abbé de Choisy. Celui-ci converse avec son ami le chevalier François de Charnat.
Veuf, Charnat souffre de l’amour passionné mais non partagé qu’il porte à la duchesse de Cyrthe, jeune femme mal mariée. Le duc de Cyrthe est un barbon procédurier, notoirement libidineux. Mme de Cyrthe tient un salon où Charnat jalouse plusieurs rivaux.
L’abbé de Choisy met en garde Charnat sur la liaison que celui-ci entretient, parallèlement à son amour pour Mme de Cyrthe, avec la comédienne Angelica Toscano, l’un des premiers-rôle de la troupe des Italiens. Pour ajouter à sa confusion, Charnat se sent également porté vers Arabella de Bulkeley, fille aînée d’un des membres de la cour du roi Jacques II Stuart, chassé d’Angleterre, en exil au château de Saint-Germain en Laye.
Charnat confie à l’abbé ses ambitions. Louvois, ministre de la Guerre – dont il était l’un des commis – est mort quatre ans plus tôt : il manque désormais de relais à la Cour, mais il veut accéder à une haute charge. Il a, pour cela, besoin d’argent. Et d’autant plus que Mme de Cyrthe lui a confié la gestion de ses biens et des procès que lui font les Cyrthe, la famille de son mari, à propos de sa dot.

 

SUITE

Récit 1

Un peu plus tard, mars 1696. François de Charnat est chargé d’enquêter sur l’abbaye de la Trappe après le décès subit du nouveau supérieur, dom Zozime, en place depuis à peine trois mois. Dom Zozime n’a pas résisté aux tensions qui agitent la communauté. Rancé, toujours malade, doit lui trouver un successeur et faire agréer son choix par Louis XIV. Charnat (toujours en quête d’une haute charge) espère que son enquête à la Trappe lui permettra d’attirer sur lui l’attention de certains ministres.
Charnat arrive à la Trappe tandis que la nuit tombe. Charles Maisne – l’insinuant secrétaire de Rancé – se présente tout de suite pour le conduire à l’église se recueillir devant le corps de dom Zozime.
La nuit, dans sa chambre du monastère, Charnat, toujours tourmenté par ses amours contradictoires et ses ambitions, commence un Journal intime que le P. François Bretonneau, son directeur de conscience, lui a demandé de tenir.
Charnat se souvient d’une conversation avec Arabella de Bulkeley, quelques semaines auparavant, lors d’une soirée au château de Saint-Germain. Elle lui a confié sa tristesse d’avoir dû renoncer à ses fiançailles. Le jeune colonel d’Albergotti, à qui elle était promise, se dérobe et la fuit. Albergotti est un ami de Charnat et le cousin de Mme de Cyrthe.
Charnat est également troublé par l’étrange voyage que vient de faire Mme de Cyrthe. Alors qu’elle s’affiche volontiers proche des libertins, elle s’est rendue à Blois pour visiter une société dévote, la Maison Archange. Manifestement, elle voulait dissimuler à Charnat ce séjour. Charnat s’en inquiète, par jalousie mais aussi par crainte des sanctions royales. Le roi veut désormais mettre à l’équerre tout ce qu’il tient pour déviations ou désordres religieux : protestantisme, jansénisme, sociétés de dévotion, effusions mystiques.
En marge des obsèques de Zozime, Charnat rencontre la Mère Angélique de Valençay, supérieure des Clairets. Nouvelles accusations de celle-ci contre le défunt dom Zozime et contre le prieur dom Gervaise. Rancé serait maltraité, des enseignements hétérodoxes seraient diffusés. A quoi s’ajoute un projet illégal d’extension du monastère de la Trappe sur le site de l’Estrées. Reprenant le projet du défunt Zozime, le prieur Gervaise veut y créer, dit-elle, une « réduction » sur le modèle de celles des jésuites au Paraguay – une « république » des pauvres.
Charnat s’intéresse aussi aux tractations de Maisne. Avec les religieuses des Clairets et tout un « parti » formé à la Cour, le secrétaire de Rancé espère tirer profit d’une rapide canonisation du vieil abbé après sa mort.
Contre toute attente, Rancé choisit dom Gervaise comme nouvel abbé de la Trappe, en remplacement de dom Zozime.

 

Récit 2

◊ 1er NOCTURNE.
Deux ans plus tard, mai 1698, Charnat est devenu l’homme de confiance du marquis d’Argenson, lieutenant-général de Police. Il revient à la Trappe instruire l’affaire de l’Estrées, qui tourne mal, le roi se montrant fâché de cette initiative de dom Gervaise. Charnat doit, en même temps, se pencher sur les problèmes posés par la conversion du jeune colonel d’Albergotti. L’ancien fiancé d’Arabella de Bulkeley vient de se retirer à la Trappe sous le nom de frère Achille, abandonnant tous ses biens, en particulier son régiment, le Royal Italien, qui se trouve, de ce fait, en grande difficulté. La nuit, Charnat tient son Journal de conscience. On y apprend qu’il est victime d’un chantage exercé par la comédienne Angelica Toscano, dont la troupe a été chassée de Paris sur ordre du roi. Charnat revient aussi sur les violentes attaques et les diffamations qui menacent l’action et l’autorité de dom Gervaise. Ces rumeurs créent dans le monastère une atmosphère pesante. Tout un jeu d’influences se trame autour de Maisne et du parti des Clairets, sur fond de tensions politico-religieuses à la Cour.

                                                                              ‡ DIVERTISSEMENT‡

Les réflexions de Charnat sont interrompues par un retour en arrière. La présence d’Albergotti à la Trappe a réveillé d’anciens souvenirs.

Le récit se transporte huit ans plus tôt, fin juin 1790, à l’auberge de Walcourt, en Belgique. A cette époque (Louvois est encore vivant), Charnat accompagne l’armée du maréchal de Luxembourg qui va bientôt livrer bataille à Fleurus contre la coalition hostile à Louis XIV.
Durant cette halte, Albergotti – tout récent officier – veut séduire une jolie fille, Anjelien Wesener, fiancée d’un certain Stoll, ordonnance dans un autre régiment. Albergotti organise plusieurs jeux pour se gagner la jeune femme, manifestement consentante.
Pendant l’un des jeux, un différend oppose le Père Bretonneau – aumônier d’Albergotti – et le cornette Paliach, officier du Royal Croate. Paliach est un ami d’Albergotti mais aussi l’un des principaux rivaux de Charnat auprès de Mme de Cyrthe.
A l’issue du jeu, Albergotti envoie l’ordonnance Stoll en mission de reconnaissance pour l’écarter de Walcourt. Ainsi pourra-t-il se réserver Anjelien Wesener. Bretonneau s’en indigne.

◊ 2EME NOCTURNE◊

Le récit reprend là où l’avait interrompu le souvenir de Walcourt. On retrouve Charnat dans sa chambre de la Trappe, en mai 1698, et le Journal de conscience.
Charnat raconte son entretien au parloir avec Albergotti, maintenant frère Achille. Celui-ci revient sur l’affaire de Walcourt et prolonge cette évocation par un épisode dramatique de l’occupation de Charleroi en octobre 1693.
Tandis que les deux amis parlent, Charnat soupçonne Maisne de les espionner et, plus largement, d’espionner tous les visiteurs de la Trappe, pour éventuellement les compromettre. Il craint que soit révélé le chantage auquel le soumet Angelica Toscano. Mme de Cyrthe pourrait en être informée.
De nouvelles accusations scandaleuses circulent à propos de Gervaise. Charnat se rend à l’abbaye des Clairets pour rencontrer mère Angélique de Valençay et tenter de comprendre ses manœuvres. Mère de Valençay est très introduite à la Cour.

 

Récit 3

Un mois passe. Juin 1698. Le lieutenant-général d’Argenson et Charnat interrogent des détenus à Vincennes et à la Bastille. Il s’agit de personnes suspectées de dissidence politique et religieuse sous couvert de sociétés de dévotion. Préoccupé par les intrigues autour de Rancé et d’éventuels désordres provoqués soit par les jansénistes, soit par les dévots, soit par les uns et les autres, Argenson place Charnat aux côtés de l’ancien roi d’Angleterre Jacques II Stuart qui se rend à la Trappe. Jacques II entend réconcilier tout le monde mais risque de susciter un désordre supplémentaire. Arabella de Bulkeley se trouve dans la suite de la reine.

◊ 1. SUR LA VOIX CELESTE. CANTIQUE: « JE DORS, MAIS MON COEUR VEILLE » 

Arrivé à la Trappe, Charnat s’entretient au parloir avec dom Gervaise. Celui-ci lui confie ses projets. Il s’explique aussi sur les rumeurs malveillantes dont il fait l’objet et sur les scandales dont on le soupçonne. Charnat rencontre Arabella de Bulkeley et la suite de la reine devant l’église du couvent. Il assiste à la messe solennelle célébrée par dom Gervaise, en présence de Jacques II et de toute la communauté. Bien que malportant, Rancé se trouve parmi les moines du chœur.
◊ 2. SUR L’UNDA MARIS. DOUBLE DU CANTIQUE « MON CŒUR VEILLE »

A Paris, Charnat demande à l’un de ses commissaires de mettre fin au chantage d’Angelica Toscano. Ils tendent un piège à la comédienne.
Le procès de Mme de Cyrthe tourne mal. Charnat se trouve en difficulté financière. Charnat s’en explique avec la duchesse dans le boudoir qui sert de petit salon et de bureau à la jeune femme.

 

SCÈNE

Trois mois plus tard, septembre 1698 au Palais du Luxembourg dans l’appartement de l’abbé de Choisy. Charnat raconte à Choisy l’entretien qu’il eut avec Rancé, en juin, juste avant de quitter la Trappe.

 

CONGÉ

Quatre années ont passé. Début de l’été 1702. Le narrateur prend ouvertement part au récit, pour quitter ses personnages, notamment l’abbé de Choisy et Arabella de Bulkeley. Le roman s’achève dans la maison et le parc de l’ancien prieuré, domaine des Charnat à Neuf-Linden, dans le duché de Bar. Charnat s’y trouve avec ses deux filles et le P. Bretonneau. Il organise les futurs mariages des demoiselles. Il surveille aussi l’achèvement d’un retable que sa femme et lui avaient fait vœu d’installer dans le transept de l’église : un triptyque pour l’Assomption de la Vierge Marie.