LE JOCQUE MACABRE
En cours de rédaction, Le Jocque macabre est la réécriture complète du Joque macabre publié en 1991 aux éditions Critérion. Même s’ils traitent de la même matière ce sont deux livres très différents. Le Jocque macabre – avec un c – est d’ailleurs destiné à remplacer et annuler Le Joque macabre. La différence de graphie marque cette volonté.
Le roman du Jocque macabre s’inscrit dans l’Empire – ou plutôt dans le vaste et complexe ensemble de territoires qui formaient l‘Empire, tel qu’on le trouve à l’arrière-plan d’autres romans de la Suite romanesque des Iles étrangères. Notamment dans Bilkis et dans Miroir et songes.
Depuis les traités de 1919 qui redessinèrent l‘Europe et l’ébranlement qui s’ensuivit, l’Empire s’est transformé en Union d’états-nations. Multilingue, mosaïque de nationalités, cette structure incertaine cherche la forme politique susceptible de faire tenir ensemble, dans le cadre démocratique, les états qui la composent. Elle repose sur un régime parlementaire semi-présidentiel, dont le dirigeant élu porte le titre composite de consul-primat.
L’action commence vers la fin des années 1970 alors que le courant républicain, de type social-démocrate, vient de l’emporter sur le courant populariste, de type démocrate-chrétien. Les tensions se multiplient autour d’un projet de constitution qui mènerait à l’instauration d’une véritable République. Le nouveau régime entend aussi redéfinir de nombreux droits tant sociaux que nationaux, fondés sur une rupture économique.
Dans ce contexte, le financier Junius Lheer – mécène du courant républicain – commande la création d’une œuvre lyrique, Le Jocque macabre. Celle-ci doit célébrer le centenaire du Théâtre Mariasert, le grand opéra de Branes, et la révolution des valeurs prônées par le régime. Le financier mène parallèlement la refonte du système bancaire et sa Fondation soutient la création artistique et le développement d’instituts universitaires.
Le récit, dû à l’un de ses collaborateurs, Ferrieu Sardeines, rappelle les circonstances de la commande du Jocque macabre et relate la tragique soirée de la première. A l’issue de celle-ci, en effet, la crise politique tourne à l’affrontement. Faisant front jusque-là, non sans difficulté, contre les partisans de l’ancien système, les républicains se divisent en luttes fratricides, alors qu’une série de troubles contradictoires se multiplient à travers l‘Union.
Le rôle de Sardeines se révèle ambigu. Mû par le ressentiment contre l’ancien système dont il est issu, il n’aime pas davantage la nouvelle société qui se dessine. Son admiration pour Junius Lheer ne fait pas pour autant de lui un allié sûr. C’est un agent double au service d’aucune cause. « Seuls ceux qui haïssent le monde, dit-il, peuvent y vivre à peu près sûrs ».