RELATIONS DE LA MORT DE QUELQUES RELIGIEUX
DE L’ABBAYE DE LA TRAPPE

par l’Abbé de Rancé

Edition, présentation et notes


Du vivant de l’abbé de Rancé (1626-1700) parurent quatre éditions des Relations de la mort de quelques religieux de l’abbaye de la Trappe. Bien qu’anonymes toutes sont de sa main, ou dictées – sa maladie ne lui permettant plus d’écrire.
La première édition date de 1678 (Paris, Michallet). Elle contient six Relations – six récits d’agonie. Dans les années suivantes, la Trappe accueillit un nombre croissant de religieux attirés par la réforme de Rancé, l’austérité de sa Règle et fascinés par la lecture des Relations qui circulaient isolément ou en recueils. L’abbé publia donc des versions nouvelles, chaque fois augmentées de « morts » supplémentaires : en 1683, 1691 et enfin 1696 (Paris, F. et P. Delaulne). Cette dernière édition du vivant de Rancé relate vingt et une agonies. Après sa mort (1700), ses successeurs poursuivirent l’exercice jusqu’à une dernière édition en 1755, cinq volumes riches de cinquante-cinq récits, dont d’assez nombreux postérieurs à la disparition de l’Abbé.

Ces Relations, portées par une superbe écriture, furent le plus grand succès éditorial de Rancé. Aussi, en 2010, quatre ans après la première version de Rancé, le soleil noir, Antoine de Baecque – alors directeur de la collection « Le temps retrouvé » au Mercure de France – me demanda-t-il de publier ces textes dont il n’existait pas d’édition moderne.

Mort de Rancé « sur la paille et la cendre » (1700), selon le dispositif adopté pour tous ses moines. Gravure de Nicolas Guérard, fils.

Nous convînmes de ne conserver que les textes dus à Rancé et d’en faire une sélection afin d’éviter les redites, inhérentes au genre. Il s’agit, en effet, chaque fois d’une rapide évocation de la conversion qui mena le mourant à rejoindre la Trappe, suivie d’une évocation plus détaillée des premiers signes de sa maladie puis d’une description heure par heure, instant par instant, de son agonie. Durant celle-ci, Rancé – entouré de toute la communauté – dialogue avec le moine, l’encourage, enregistre ses derniers gestes et ses dernières paroles, nécessairement exemplaires puisqu’il s’agit d’entrer dans « l’éternité de Dieu ».
Sans bien sûr toucher au texte, je me suis contenté de moderniser la graphie et l’orthographe tout en proposant, en notes, des éclaircissements : certaines tournures, caractéristiques du XVIIe siècle, peuvent être mal comprises, voire donner lieu à des faux sens ou des contresens. De même fallait-il éclairer les citations de l’Ecriture ou des Pères, proposer un glossaire des termes sortis d’usage et préciser l’identité de certaines personnes citées. Une introduction et une chronologie complètent l’ensemble.
Ce nouveau voyage dans le monde de la Trappe m’a conduit à compléter mes recherches. J’en ai tiré une bonne part du matériau nécessaire à la deuxième version de Rancé, le soleil noir parue en 2022. De ces textes et de la reprise de la biographie naquit aussi le roman Les Hivers et les printemps.
Une nouvelle version définitive, revue et corrigée paraît en 2024 aux éditions Le Condottiere.